La colline El M’haffer
Coordonées GPS : 36°54’56.2″N 7°45’14.7″E
Situation : La colline El M’haffer, située au nord du centre ville d’Annaba, au pied du mont l’Edough entre Oued el Kouba et Zaafrania.
Historique :
La colline El M’haffer s’appelle ainsi, car le mot Mhaffer signifie les trous profonds creusés pour extraire la matière première pour la poterie, fabriquée à même la colline.
Riche en argile, ce site alimentait les potiers de souk el Fakharine (les potiers), installé à l’extérieur des remparts de Bouna, sur le vieux port, plus tard appelé place des gargoulettes. Les navigateurs étaient trop demandeurs des grandes jarres pour le transport de l’eau et marchandises, tel que le miel, céréales et l’huile d’olives.
En 1868, l’expansion des remparts vers l’actuel palais de la culture, délogent une partie des habitants originaires d’Annaba vers la colline El M’haffer.
Plus tard, en 1951, ce quartier inaugure la premiere mosquée à Annaba sous l’occupation française, grâce à la contribution des habitants.
« El Hadj Djemmadi ESSAID » dit: El Ouaqaff, offre son terrain pour la construction de cette mosquée.
Aujourd’hui, cette mosquée s’appelle Abou Dor El Ghifari مسجد أبو ذر الغفاري
Pendant la révolution, l’armée française lance plusieurs opérations militaires. Des centaines d’habitants sont délogés dans des bidonvilles autour de la ville de Bône (Annaba).
Les résidants algériens sont surnommés par des noms peu aimables par les occupants :
- Quartier El M’haffer qui reçoit des populations en provenance de la région El collo et la grande kabylie nommé Béni Ramassès.
- Bordj El Adma (L’actuel pont blanc) les Maïz ou les chèvres, quartier qui regroupe ceux qui fuient la plaine.
- Et sur les deux rives de la Seybousse, quartier Choumarelle substantif d’un argot sicilien qui veut dire vermine.
Le quartier du M’haffer était le fief de la révolution, des noms ont marqué l’histoire comme les trois fréres (Amar, Ali, Abdelwaheb) et soeur Tazelmali, leur beau frére Mohamed Chérifi. Nous citons aussi Benacer Amar, Belaid Salah, Abderahmane Ben Abbes, Abadi Amar, Ben Moussa Ali, Djemadi Abdallah, Boukachabia Abd El Hamid…
L’icône du quartier, est le très populaire « Cheikh Brahim Bey », doyen de la musique chaabi annabi, chanteur compositeur, surnomé Cheikh Lemdina « Cheikh de la médina »
Ces derniéres années le quartier se dégrada, l’ex député Baha Tliba prend possession des terres autour du rond point, vers l’Edough pour construire des barres en béton armé appellés « résidence BAHA », sans respect des régles de l’art.
Pire encore, sur le terrain en face, la ville lance un concours pour la construction d’un ensemble urbain. le concours est gagné par le cabinet d’architecte SETO, appartenant à Baha Tliba. Un projet médiocre qui allait bétonner l’autre rive du quartier historique.
Aujourd’hui, le quartier est complétement défiguré, il perd son authenticité et l’histoire de ses anciens.
D’une part, plus de 400 familles qui occupaient El kodia, quittent le quartier pour se loger dans des logements sociaux à la banlieue « Calitoussa ».
D’autre part, la ville ne s’est pas montré à la hauteur de l’histoire du quartier, voulant proposer des aménagements massifs et agressifs, sans rapport avec l’identité des habitants et leur mode de vie. Un échec total des services d’urbanismes et de l’aménagement urbain.
Références :
- Livre « Annaba. 25 siècles de vie quotidienne et de luttes, tome I et II » de H’sen Derdour.
- عنابة في قلب معركة التحرير تأليف الاستاذين محمد جندلي و سلطان بن ذيب
- من هيبون – بونة إلى عنابة تاريخ تأسيس قطب حضري للدكتور سعيد دحماني
- Annales de Géographie Année 1958 Volume 67 Numéro 364 pp. 498-520 – article : La formation de la ville et les facteurs de son évolution par Travers Lucette