Dar Larguech
« Dar Larguech » est une maison de style arabo-andalous. Sa beauté a fait d’elle un lieu prisé des chefs militaires : d’abord siège d’état major à l’époque de l’empire ottoman puis, pendant l’occupation française, propriété de Célestin Bourgoin, avant qu’il ne devienne maire de Bône (Annaba) entre 1870 et 1878. Ce dernier la revend à un certain Ben Okba. Enfin elle est rachetée en 1869 par les deux frères Ben Barche, époux des Larguech, propriétaires terriens. Leurs descendants occupent la maison jusqu’à aujourd’hui.
D’ailleurs à l’époque, l’Administration française nomme un des Larguech cadi de Bône et Membre Supérieur de jurisprudence musulmane d’Alger. Mohamed Larguech, personnalité très instruite et dignitaire religieux, est investi du pouvoir de célébrer les mariages entre personnes de confession musulmane. La loi française de 1882 lui impose néanmoins de veiller à l’inscription de ces unions sur les registres d’état civil.
Caractéristiques de Dar Larguech
Située au cœur de la médina de Bouna (Annaba), dans le quartier El aquaba (mot arabe signifiant « chemin difficile et qui monte »), la maison Larguech présente les caractéristiques de l’habitat traditionnel maghrébin.
En effet, elle est entièrement fermée sur l’extérieur par de hauts murs neutres, austères et secrets avec un minimum d’ouvertures pour protéger de la chaleur et du bruit de la rue.
Elle s’organise autour d’un patio, à la base d’une structure architecturale en forme de puits étagé en balcons, tournés sur l’intérieur.
Dans l’ensemble, Dar Larguech garde les traces de son style architectural d’origine, malgré les modifications qu’elle a pu subir. Selon le propriétaire, sa dernière restauration date de 1900.
Les arcades sont ornées de zigzag avec un croissant ottoman au centre de deux croix maltaises.
Ces arcades sont portées par des colonnes de style algérien, caractérisées par :
– la moitié supérieure cannelée
– la moitié inférieure en forme octogonale
– un stylobate carré à la base
– un chapiteau d’ordre ionique, composé de volutes, s’inspirant du chapiteau de l’Erechthéion d’Athènes.
Les murs sont chargés en zellige et en faïence, aux couleurs et motifs très divers, qui varient tous les mètres. Voici quelques reproductions de la faïence employée :
La maison dispose non seulement d’un puits, mais aussi d’une citerne d’eau sous le patio de 3 mètres de profondeur, alimentée par les eaux pluviales récupérées depuis le toit.
Coté structurel, les murs de l’étage sont en brique crue mélangée à l’argile, d’une épaisseur de 50 cm.
Les planchers sont en bois, les fondations en blocs de pierre.
Selon l’actuel propriétaire, la façade nord a subi une modification assez ancienne : des arcades enrobées se sont trouvées découvertes suite au creusement du mur.
Et aujourd’hui…
Malgré les efforts des propriétaires successifs, Dar Larguech est aujourd’hui menacée par les infiltrations d’eau et le vieillissement de sa structure. Des travaux de restauration sont nécessaires à sa sauvegarde.
Références :- https://www.senat.fr
- Recueil. « Vues d’Algérie, portraits d’Algériens et de personnalités françaises en Algérie », de Moulin, Félix Jacques Antoine photographe, édition : 1856-1857
- Certains extraits et illustrations de l’article sont issus des recherches réalisées par Mme Sarah Bensafia.
- Photos et témoignages de l’architecte M. Abdelkrim Larguéche et M. Mostepha Larguéche